RETOUR SUR... TABLIERS AU MASCULIN, TABLIERS AU FÉMININ

Donjon de Gouzon / Juillet - décembre 2009

Cette exposition est le fruit de la collaboration entre une association (AFET), des chercheures de différentes disciplines, des conservateurs de musées, des artistes, un réseau de témoins liés par l’amitié et, les musées de la ville de Chauvigny. Le tablier, objet témoin de l’appartenance à un groupe fait se conjuguer l’identité personnelle et la conscience collective : être différents des autres, mais avec les autres. Le tablier féminin est un sexe caché, le tablier masculin est une enseigne d’artisan. Plus

Les jeunes générations occidentales, sauf exception d’ordre professionnel, font du tablier un usage de plus en plus sporadique ou ludique et l’évoquent comme un souvenir d’enfance, doux ou cruel. Leurs grands-mères au contraire y voyaient le symbole de la féminité la plus vertueuse et l’imposaient en tout temps à leurs filles, filles qui s’affranchirent en même temps des tabliers et de quelques tabous d’ordre corporel dans les années 70 du siècle dernier.

« Toute ressemblance avec des personnes ayant déjà existé … »

Cette exposition mêle à quelques objets-phares les créations originales d’une plasticienne, Nadia Sabourin. Cette dernière a travaillé avec l’usine Deshoulière de Chauvigny pendant trois ans et a été un témoin direct de l’évolution de l’usine, et notamment du licenciement de la moitié du personnel.
Son désir de travailler autour des tabliers et de ce qui fait office de vêtements de protection est lié avec la disparition de la moitié des éléments de l’usine. D’où le nom de certaines pièces : « Les évanouis de Chauvigny », reflétant un hommage aux personnels disparus de l’usine.
Cette artiste qui a l’habitude de travailler avec des vêtements et jouets d’enfants, a choisi en relation avec cette exposition, d’enduire de barbotine de porcelaine, des vêtements portés par les hommes et les femmes de l’usine Deshoulière. Ainsi cuit, le textile va disparaître en brûlant à l’intérieur du four, et ne laisser plus que l’empreinte du vêtement.

Les dictionnaires des XIX-XXe siècles ont une idée très claire de ce « vêtement de protection constitué par une pièce de matière souple maintenue par des attaches, qui garantit le devant du corps ». De plus, tous s’accordent sur son origine : la table et « la toile qui la protège » (Le Robert, édition de 1993).

Le rôle de marqueur social des tabliers est prééminent dans les collections. Outre leurs capacités de protection matérielle et symbolique, c’est avant tout leur rôle de marquage des distinctions de genre et de classe d’âge qui apparaît dans l’information relative à ces éléments vestimentaires. Toutefois ces données ne sont pas indiquées de manière égale selon qu’ils ont féminins ou masculins.